à l'Européen avec Jean-Louis Beydon au piano, Pascal Le Pennec à l'accordéon et Olivier Moret à la contrebasse. "C'est peut-être Mozart le gosse qui tambourine
Des deux poings sur l'bazar des batteries de cuisine
Jamais on le saura, l'autocar du collège...
Passe pas par Opéra, râpé pour le solfège. C'est peut-être Colette la gamine penchée
Qui recompte en cachette les fruits de ses péchés
Jamais on le saura, elle aura avant l'heure
Un torchon dans les bras pour se torcher le coeur C'est peut-être Grand Jacques le petit au rire bête
Qui pousse dans la flaque sa boîte d'allumettes
Jamais on le saura, la famille est maçon
Râpé Bora Bora, un mur sur l'horizon C'est peut-être Van Gogh le p'tit qui grave des ailes
Sur la porte des gogues avec son opinel
Jamais on le saura, râpé les tubes de bleu
Il fera ses choux gras dans l'épicerie d'ses vieux C'est peut-être Cerdan le môme devant l'école
Qui recolle ses dents à coup de Limpidol
Jamais on le saura, KO pour ses vingt piges
Dans le ring de ses draps en serrant son vertige C'est peut-être Jésus le gosse de la tour neuf
Qu'a volé au Prisu un gros œuf et un bœuf
On le saura jamais pauvre flocon de neige
Pour un bon Dieu qui naît, cent millions font cortège."
"La chanson tient dans une contradiction : éphémère, provisoire, elle est une fraction de vie... mais à la fois, elle peut s'installer, et elle ne vous quittera plus. Elle vous a accompagné dans la plus petite enfance, et elle est là, toujours, dans le plus grand âge, imprégnée en vous.
La chanson, un court-métrage. On la débute comme on débute une rencontre. On ne sait pas qui vous parle, d’où il vous parle, vers quoi il va, on prend l’histoire en route. Et on fait un petit bout de chemin ensemble. A travers quelques mots, on entre dans son univers, on en perçoit certaines choses, on devine : la suggestion donne toute sa liberté à l’auditeur. Et la rencontre s’achève à l’issue des trois minutes, chacun va poursuivre sa vie, son chemin, continuer vers son propre horizon...
Il y a comme ça des rencontres-éclairs dans l’existence, qui dure l'espace d'un instant, mais qui vous marque à vie. C’est exactement ça, une chanson : l’instant éphémère qu’on ne pourra pas oublier, une fraction d’éternité"
(14 Juillet 2022)